le Pirate Forum
    Un aperçu de la République de Corée

  
J'ai une série un peu nombreuse ce qui justifie peut-être l'ouverture d'un fil dédié, à côté de celui de Souriceau.
Si le syndic le juge préférable, il pourra fusionner les deux.

Un aperçu de la République de Corée, donc. Comme d'habitude, mon objectif n'était pas la photo, mais la découverte. Comme nous étions plusieurs, impossible de faire poireauter ou errer les amis. J'ai donc photographié ce qui était à ma portée.

Ensuite il faut savoir que ce pays n'est pas précisément photogénique ; et que si j'étais un reporter pro désirant le montrer tel qu'il apparaît, mes images auraient été bien différentes.

En raccourci, la Corée est un pays confucianiste, industriel et en pleine croissance. La high tech est appréciée, mais ça n'est pas le Japon quand même.

Je commence par Séoul, une ville-mer, plus de 20 millions d'habitant dans cet agglomérat de montagnes, de maisons et de rivière. Quelques vues générales, dont l'inévitable soleil couchant pris depuis la montagne de Namsan...








Cette ville croît très vite vers sa périphérie où s'accumulent des immeubles tous semblables, portant le logo du constructeur, desservis par des autoroutes à la mesure :



Elle a remplacé peu à peu les anciens quartiers datant de l'époque pauvre, dans les années 70 la Corée était encore un des pays les plus pauvres du monde. Une relique à Insadong :



Aujourd'hui, les enseignes américaines s'installent comme partout, la jeunesse grandit en taille et malheureusement en poids.




Ville multicentrique à l'urbanisme catastrophique, Séoul est le royaume de la voiture. Il faut être inconscient pour s'y risquer en deux roues. Les voitures ont la priorité sur les piétons, aux passages, ce qui a le mérite d'être clair. Un des centres dans le Nord, près du palais présidentiel, Jongno-gu





Un exemple d'urbanisme harmonieux...




Les coréens adorent les écrans, il y en a partout. Celui-ci orne le "cache-échaffaudage" du chantier de l'hôtel de ville (City Hall) :




Chamanistes et géomanciens sur les bords, et pas que sur les bords, les coréens ont toujours aménagé l'espace sur ces critères. Le Musée National de Corée, dans le quartier de Yongsan, est un hommage à ces traditions. Il est percé d'une large ouverture monumentale. Face à lui, le béton... Un diptyque recto-verso :





Dans une prochaine suite, je vous parlerai un peu de la vie des coréens...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr
  • Message par Garp, samedi 2 octobre 2010 à 19h35
    citer

Je suis :D:
L'idée d'un univers infini me rend fou

  
Moi aussi et en tant que syndic, ne déplace rien.
Unir des sujets ? C'est dommage.

  
Non à la réunification des 2 Corées (de Souriceau et Jacques, Pote, bien sûr).

Comme mes co-piratiens, j'attends la suite avec envie !
  • Message par insoL, samedi 2 octobre 2010 à 21h35
    citer

Moi aussi ! ! !
Un de mes anciens étudiants, et fils d'une amie de mon épouse, vit là bas où il est … … Architecte :shock: :shock:
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
Très intéressant, Laurent.
La Corée est un pays rarement montré dans les magazines
  • Message par HB, dimanche 3 octobre 2010 à 11h05
    citer

  
Merci, Jacques :bise:

  
Le principal trésor de la Corée, ce sont les coréens. Accueillants, souriants, toujours près à vous aider.
Mais il faut être très attentif à certaines choses assez difficile à comprendre, voire à accepter si l'on a des principes rigides.

Tout d'abord, la Corée est un pays intimement confucianiste. L'harmonie est l'essence de la stabilité. Certaines notions, importantes en occident, seraient là bas génératrices de trouble. Par exemple l'égalité.
L'inégalité acceptée, revendiquée, participe de la stabilité collective. Un interlocuteur coréen doit savoir deux choses : votre âge et votre rang social. Faute de quoi il est mal à l'aise, ne sachant comment se comporter. Tout le monde a une carte de visite, on la donne, on lit et on commente, on dit bonjour ensuite.
Dans un restaurant, on ne dit pas merci au serveur. En revanche, on peut complimenter en sortant sur le repas et l'accueil.
Etc...

Ensuite, c'est un euphémisme de dire que leur rapport au travail est assez différent d'ici... La croissance de la Corée n'est pas sortie du chapeau.

Enfin, leur sens de la discipline (pour raison d'harmonie) laisse rêveur. Partout des lignes, règlements, toujours respectés.

Quelques exemples en image.

Le sens unique des passages piétons :




Des cartables bien rangés dans un parc, les élèves sont ailleurs, personne ne les volera :




Des jeux traditionnels en libre service, quand on a fini on les range, à disposition de tous :




Le métro high tech, une honte pour la RATP, les masques à gaz rappellent la menace si proche... (on distingue les sens uniques de montée et descente...)




Cet ordre, cette pression sociale, ont des côtés obscurs. Tout d'abord, il faut consommer pour montrer son statut social, en particulier les accessoires (car les vêtements sont stricts) et les voitures, noires, blanches ou grises (le code couleur bouddhiste) :






L'éducation est le moyen de s'élever le plus haut possible. Les enfants travaillent sans relâche, école, cours privés, musées, un gros budget pour les coréens dont le taux de fertilité s'est effondré, ils sont quasiment à l'enfant unique...




L'âge confère certains privilèges, le roi Seijon répandit le respect des anciens. Il y a donc des codes permettant de montrer son âge. Chez les femmes, par exemple, la longueur de la chevelure, puis à l'âge mûr les cheveux sont coupés courts et frisés, et les vêtements de couleur sont autorisés : la femme est alors hadjouma.



Les plus jeunes femmes, non mariées, ont les cheveux longs et non attachés.




Mais les personnes âgées, hors du circuit économique, rencontrent parfois de réels problèmes de subsistance. Les hommes âgés occupent des petits boulots (circulation, guides de parking, aide dans le métro, ...). Les grands groupes éjectent une partie de leurs employés entre 50 et 55 ans. Il faut donc gagner sa vie autrement...



Ici un ramasseur de cartons, travaillant sans relâche...





Mon prochain post aura pour sujet la nourriture, une préoccupation essentielle en Corée : dans les années 70, les famines y existaient encore...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

  
Cette "explication" en image de la société coréenne est passionnante
J'attends la suite :D:

  
Très intéresant compte rendu de ta vision sur la Corée.

Vu de loin, je commence à me faire une idée de la place réservée à la vieille Corée par l'urbanisme effréné et chaotique.
Dans le paysage urbain des pays émergents il y a pas mal de similitudes. Par exemple, la dernière photo, celle du ramasseur du carton, c'est une image typique (aussi) de Buenos Aires.

Belles images !

Chouette la photo du delivery Mc Donald's :wink:
touche pas à mon hamac !
http://barnackla404.blogspot.com/

  
Merci pour les encouragements, je poursuis donc.

Nous allons maintenant parler nourriture. Dans la vie courante, deux choses sont importantes : manger, et regarder un écran.

La preuve :




Plaisanterie mise à part, il est exact que manger est une occupation omniprésente. Les écrans publics diffusent des images de nourriture à 30-40% du temps minimum. La nourriture est aussi, il faut dire, un des ciments de la tradition, donc de l'identité. S'il fallait résumer le quotidien coréen par deux images, je choisis celles-ci :

Le piment, omniprésent



Et bien entendu, le riz !




Je n'ai pas de photos de repas sans convives, je n'en posterai donc pas. On mange en général assis par terre, sur un coussin, devant une table basse. Tout arrive pratiquement en même temps : le riz, individuel, des soupes brûlantes, parfois un barbecue de porc ou boeuf, et une multitude de petites assiettes contenant des condiments ou des "toppings" (poissons sêchés ou grillés, tofu, légumes, beaucoup de légumes, des feuilles de sésame, des algues, champignons, ...). On mange avec deux fines baguettes métalliques et une longue cuillère.

L'accompagnement roi,le plat national, est le kimshi, légume pimenté fermenté, en général chou et radis :




La plupart du temps, impossible de savoir ce que l'on mange (méduse, ...). Tout est sélectionné, arrangé, en fonction de vertus cardinales hermétiques, les ingrédients ne sont pas plus reconnaissables :




(de telles boutiques sont légions, vendant de tout)


A l'exception des poissons et fruits de mer, une des bases alimentaire. Une idée ? voici le marché aux poissons de Noryangjin, à Séoul :






Il est frais, mon poisson-sabre !


(Attention aux photos, les touristes sont rares. Souriceau l'avait remarqué. Il faut impérativement demander, se présenter, ... Evidemment, on a droit à une pause. Sinon, on s'abstient)

Un peu de route et on le voit sécher... Le bord de mer est de ce fait consacré, lui aussi, au travail.





A Chuseok, la fête des moissons, on prépare des gâteaux de riz broyé, en costume traditionnel et dans la rue :





Ces gâteaux ne sont pas sucrés. En général, pas ou peu de sucre, à l'exception de ces bouchées mathématiques (explication sur demande) et spectaculaires, confectionnées dans la rue par des cuisiniers-acteurs-chanteurs :




Côté boisson, des "vins" de toute sorte de fruits, et bien entendu de riz, le soju.


Je finis par un pola, Paul le poulpe n'aurait rien pu prévoir, en Corée...




Prochain post : un peu de religion...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr
  • Message par HB, dimanche 3 octobre 2010 à 18h30
    citer

  
Beurq :lol: la dernière image :bise:

Pinaise j'adore cette série, de très belles photos!
ça change mon image de la Corée, je l'ai toujours vu comme un Japon plus vide et plus froid, et là je découvre des photos fortes en couleurs et textures!

  
J'aime beaucoup ces différents points de vue d'un même pays.
La vision approfondie de chacun d'eux (l'architecture, les gens, la nourriture - et j'espère que ce n'est pas terminé) permet tout à fait d'imaginer la globalité de ce pays (au moins un début), avec des yeux d'étranger, certes, mais avec l'impression, si je devais aller un jour en Corée du Sud, de connaître un peu ce pays par avance.

Mention spéciale pour la photo des poulpes !

  
La principale religion coréenne est le bouddhisme, bien entendu, au sens historique.
Mais en dépit de persécutions, la dernière en 1866, la moitié environ des coréens sont chrétiens, et parmi eux une majorité de protestants. On reconnaît les cultes la nuit, les temples ont une croix éclairée en rouge.

Cette église est catholique :




Pour faire un temple (bouddhiste), il faut trouver le lieu ad hoc.

Une rivière, si possible torrentueuse :





Une montagne :




Pour parvenir au temple, le chemin est en général toujours le même : un pont...




Et des portes contenant les gardiens, statues colorées de grande taille (photos des gardiens sur demande) :





A part cela, et même cela inclus, les temples bouddhistes coréens sont assez semblables aux autres temples asiatiques. On y trouve des statues de bouddah, des pavillons (dont celui du juge), des lampions, ... Je ne suis pas un expert en la matière.











Les moines, dont des femmes, vêtus de gris, entretiennent les lieux...





Le temple de Magoksa abrite un magnifique labyrinthe :





Dans les environs, en particulier à Hainsa, des ermitages propices à l'étude :




Un peu de poésie : quelques lumières du couchant à Bulguksa ...






Autre découverte, celle des sanctuaires. Le défunt est enterré et un deuil de 3 ans est observé. A l'issue de cette période, un objet symbolique, porteur de son esprit, est placé dans un sanctuaire.




A Séoul se trouve le sanctuaire royal de la dynastie Joseon, classé au patrimoine de l'Humanité. Et voilà donc les blocs cyclopéens, dont un de 7 mètres ! Le sanctuaire contient les tablettes de châtaignier symbolisant l'esprit des rois, de leurs épouses et de dignitaires (princes héritiers, et dignitaires des régimes dans d'autres pavillons). Les portes ne sont ouvertes qu'une seule fois par an, en mai, pour une grande cérémonie.




A suivre...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

  
Bonjour,

Je suis très enthousiaste devant les images de ce reportage et leurs commentaires. Le sujet est extrêmement bien traité.

Il m'intéresse particulièrement car je suis un voisin. Beaucoup de similitudes avec la Chine (l'architecture moderne, le rapport au travail, statut social, consumérisme, le recycleur de carton, le poulpe :wink: ...) mais aussi des différences prononcées surtout sur l'ordre et la discipline :rollr: .

Merci beaucoup pour ces images soignées.

Crdlt.

Pour l'anecdote à Aix la messe est aussi célébrée dans une des Eglises en coréen un jour précis, preuve qu'ils doivent être nombreux...

Toujours aussi passionnant ces photos!
Et qu'est-ce donc cette histoire de bouchées mathématiques?

  
Et qu'est-ce donc cette histoire de bouchées mathématiques?

"Kkultarae (꿀타래)
Une boule de malt et de miel durci est pétrie puis étirée pour former de nombreux petits filaments ressemblant à de fin fils de soie. Le Kkultarae, qui signifie écheveau de miel, est agrémenté de dix ingrédients tels que amandes, noix, pignons de pin, cacahuètes, haricots noirs et graines de sésame puis roulé. Ce bonbon, qui était un snack royal, est sucré et délicieux."
Voir une vidéo, par divisions successives (2 puissance n) un anneau de miel est transformé en 16000 filaments. Autres infos et vidéos dans google



Vous l'avez compris, cette longue série a glissé du factuel vers l'esthétique.
Pour conclure, je propose une série sur le patrimoine historique coréen, pour ce que qu'un touriste pressé peut en saisir.
La Corée a été mainte fois envahie et occupée. En conséquence, le patrimoine a beaucoup souffert, et du fait qu'il était fait de bois, a pas mal brûlé.
Il y a donc beaucoup de neuf, reconstruit à l'identique, et de ce fait les coréens sont plus attachés à la symbolique contenue dans les monuments, qu'à la relique sacrée version Viollet le Duc. D'autant plus que cette symbolique est pour eux porteuse de leur identité culturelle. Reconstruire ne leur pose pas de problème moral.

Ils sont amateurs de cérémonies reconstituées, et grands amateurs de capital culturel intangible. La cérémonie à Jongmyo (cf plus haut) est, je crois, classée au Patrimoine de l'Humanité.

Voilà donc deux images classiques de relève des gardes, comme on en trouve dans de très nombreux pays. Cela se passe au Palais de Gyeongbokgung, à Séoul. La musique et les uniformes ne sont pas vraiment martiaux, au sens européen j'entends (ils ne jouent pas La Madelon, par exemple).






Les soubassements et les dallages des édifices sont en granite. Le dallage irrégulier est conçu de manière à drainer et ne pas retenir de grandes flaques.




Evidemment, les bâtiments sont en bois peint, couverts de tuiles vernissées bleues pour les plus précieux, à savoir les salles du trône, par exemple. Un palais est un ensemble de bâtiments d'assez petite taille, instruments du pouvoir ou résidences (hommes et femmes séparés). Les toits sont coyautés et relevés afin de ne pas gêner la vue.






Le roi était conduit ou marchait sur une allée spéciale, sur le dallage le plus élevé. Le prince héritier et les dignitaires allaient un cran en dessous. Quelques exemples à Jongmyo.







A l'arrière était un jardin à quatre terrasses, et le tout était inclus dans un parc. Toutes les allées y étaient de gravier très fin : pour le drainage, et pour la sécurité (on entend les pas crisser).








Le Jardin Secret de Changdeokgung est une véritable merveille, classée au Patrimoine de l'Humanité. Le bassin carré accueillant une île ronde est un symbole (Terre-Ciel ou Homme-Femme).










Dans la série précédente, j'ai parlé des sanctuaires accueillant les esprits. La tombe est l'autre demeure dans l'au-delà. Recouverte d'un tumulus dont la taille révèle le rang du défunt, elle est située en général en hauteur, idéalement à flan de montagne. Voilà un exemple "courant" et d'anciennes tombes royales de la dynastie Baekje (le site Joseon de Séoul était malheureusement fermé). La présence de tombes disséminées sur tout le territoire complique singulièrement son aménagement, un avis d'expropriation n'étant exécutoire qu'au bout de trois générations !





L'habitat traditionnel a pratiquement disparu. on trouve tout de même quelques villages conservés, ainsi que des maisons déplacées. Voilà un aperçu du village de Yangdong, à commencer par les pots à kimshi :







Et une évocation du Namsangol Hanok Village, à Séoul, qui présentent des habitations authentiques déplacées (Bleu-rouge = Homme-Femme).




Je vais m'arrêter là pour le moment, n'excluant pas de compléter ou modifier la série en fonction de mon avancée sur le portfolio.
La sortie est par là :




Merci pour votre attention, en espérant vous avoir simultanément instruit et un minimum charmé, sans prétention aucune. A titre d'information mes modèles inaccessibles sont E. Haas et R. Depardon.
Je vous ferai également un commentaire technique, numérique ou pas, APS-C ou FF, zoom ou fixe, enfin bref barbe au dessus ou en dessous...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr
  • Message par Garp, mercredi 6 octobre 2010 à 19h55
    citer

:shock: :shock: :shock:

Quel voyage, des souvenirs pour toute la vie :D:
L'idée d'un univers infini me rend fou

  
Au terme de cette présentation d'images, je souhaite dire quelques mots à propos de technique, après tout nous sommes sur un forum de photo et force est de constater qu'il existe une dialectique entre la technique de prise de vue et le "résultat". Je dois d'ailleurs, à ce propos, rendre un hommage particulier aux participants du pirate qui prennent le temps et le soin de nous expliquer le pourquoi et le comment de leurs prises de vue.
Je précise que dans mon esprit, "technique" n'est pas réductible à "matériel", même si le matériel en est une composante essentielle.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, l'irruption du numérique dans ma pratique photographique a été facteur de déstabilisation. Pourtant, pour la plupart, les images de cette série ont été réalisées avec un matériel assez simple, un EOS40D équipé d'un zoom 16-35, ce qui nous fait 24-50 en référentiel 24x36 (et iso 125, 400 et 800). Cet équipement de base permet de rapporter une grande diversité d'images.

Au chapitre des avantages de cette solution, je citerai la facilité de mise en oeuvre, l'ergonomie au sens large du boitier (incluant donc un accès rapide à des fonctions typiquement numériques), le bon rendu colorimétrique du zoom et du boitier, le confort (et la rapidité) de ne pas avoir à changer sans cesse d'optique. J'ai fait une analyse statistique des focales utilisées "sans le savoir" (la focale n'apparaît pas dans le viseur) dans la série présentée et la distribution fait apparaître trois grands maxima, à savoir 16 et 35 (focales "butée") et un cluster entre 21 et 25, ce qui correspond à 33-40 en 24x36 : 24, 35 et 50, on ne se refait pas !
Au chapitre des inconvénients, je citerai le piqué pas extraordinaire du zoom, ainsi que des décalages d'autofocus minimes mais souvent présents (le 40D n'a pas de fonction d'étalonnage AF, et est inutilisable en MAP manuelle), et bien entendu l'encombrement, plus généralement le manque de discrétion, de l'équipement. Je vais revenir sur les inconvénients générique du numérique.

Pour faire bon poids, si l'on peut dire, mon leica M était également du voyage, chargé de superia 400. Après un scan fastidieux, j'ai récupéré des fichiers d'une médiocrité sans nom, comparés aux fichiers Canon. Toute dynamique a disparu. Et si j'avais eu la prétention de n'utiliser que le M, j'aurais passé un certain temps à changer d'optique… Sans compter que le sac contenant tout le barda n'est pas vraiment l'ami du promeneur.

L'inconvénient du numérique, c'est évidemment la gestion des hautes lumières. Quand on aime les lumières difficiles, ce qui est mon cas, toutes les images doivent être exposées à droite, très à droite même, ce qui au final donne quelques centaines de raw nécessitant systématiquement une correction plutôt lourde (et pourtant le Cmos Canon est considéré comme très tolérant question dynamique). Même en 125 iso, une correction de bruit spécifique dans les basses lumières devient alors souvent nécessaire (merci le pomme-clic sur couche RVB).

Me voilà donc devenu un photographe jamais content. A ce propos, la tentation était grande à Séoul, car les prix sont très avantageux (20 % moins cher qu'en France minimum). Mais quoi faire ? Un 5D, meilleure image, encombrement supérieur et parc optique à revoir ? Un 7D, dont je ne connaît pas le rendu, encombrement et zoom inchangés ? J'ai même vu un M9 en vitrine dans une boutique microscopique de Namdaemun…

Tant pis, je garde mon frein tout rongé... Je verrai ce soir de quel côté mettre la barbe...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

Merci d'avoir partagé ce voyage. J'ai beaucoup aimé les couleurs de vos photos.

  
Des réactions à tes propos techniques, avant d'écrire, un de ces jours, quelque chose d'à peu près intelligent sur le fond de ta série coréenne, qui m'inspire, au débotté, les quelques commentaires légers suivants :
je suis reconnaissant devant le travail fourni pour produire un ensemble cohérent et plaisant à lire autant qu'à regarder ;
il est intéressant pour quelqu'un qui ne connait de l'Asie que le Japon, d'y trouver similitudes et différences, peut-être comme on pourrait en trouver, connaissant l'Allemagne mais étranger à l'Europe, en découvrant un récit en images d'un voyage en Espagne.

Concernant tes commentaires à propos de technique :
je pense avoir un usage assez différent du numérique, car pour moi, il n'y a pas beaucoup de différence entre l'usage que je fais de mes boîtiers argentiques (Nikon F-F2 et Leica M) et celui que je fais de notre boîtier numérique (Nikon D700).
Peut-être car j'utilise les mêmes optiques manuelles, ainsi, les gestes sont exactement les mêmes, et je ne me soucie pas de savoir si l'AF est correct ou non (précisons à ce propos qu'il existe toutes sortes de boîtiers argentiques qui possèdent un AF identique).
Peut-être aussi car j'expose exactement de la même manière, soit au moyen de la cellule TTL dans sa configuration de base en manuel (pas de mesure intégrale), soit avec une cellule à main.
Peut-être encore car il s'agit d'un boîtier professionnel, dont le capteur ne me pose strictement aucun problème de hautes lumières tels que tu les cites souvent. Dans les mêmes conditions, le film me donne exactement la même chose, si ce n'est que ce dernier a beaucoup plus de grain et me donne, avec les mêmes optiques, beaucoup moins de détail que le capteur.

Comme le résultat final —le fichier TIFF— est le résultat d'une manipulation, j'obtiens aussi peu ou prou la même chose, si ce n'est qu'avec un film, si les conditions de lumière sont médiocres, la chute de qualité est plus sensible.

Concernant les photos de travail, je les fais avec un petit panel d'optiques spécialisées —15mm, 20mm et 28 PC— maintenant uniquement en numérique, qui me permet de passer de photos d'intérieur à 3200 ISO avec une finesse de même type que ce que j'avais en film en 800 ISO, à des photos en extérieur en plein soleil, en 200 ISO, ce qui est très pratique (je devais autrefois utiliser conjointement deux boîtiers).
De plus, à part quelques cas de sous-exposition sévère ou méchant contre-jour à plus de 3200 ISO, il n'y a aucun problème de bruit, celui-ci s'apparentant à un grain bien moins important que celui de n'importe quel film argentique de sensibilité quatre fois inférieure.
On comprendra rapidement que la question du matériel se pose peu lorsqu'il est très bon et d'usage très simple.

Concernant les photos de voyage, je souhaite surtout que le matériel soit très léger. Depuis des années, je pars avec une seule optique de focale fixe —si j'ai du courage avec deux mais rarement—, et je recherche surtout l'adéquation entre le regard sur les choses et la focale unique.
J'ai toujours le sentiment que d'utiliser plusieurs focales fait que je ne sais plus pourquoi et comment je regarde.

En raccourci : j'utilise le numérique lorsque je veux du pratique et traiter rapidement des séries de RAW ; l'argentique lorsque je veux me promener léger, et je fais finalement peu de différence entre les deux.

Lorsque je cherche une différence, je la trouve avec le moyen format, le Mamiya RB67 étant de ce point de vue extraordinaire : une précision, une définition et une amplitude de nuances qu'aucun 24x36 Leica ou Nikon n'est capable de donner. Du coup, j'ai eu tendance, malgré le poids, à en faire cet été mon appareil de randonnée.
Seul problème pour moi alors : mon scanner pour film 120 très médiocre.

  
Jacques, pote
Bien qu'ayant un passé photographique plus bref que le tien avec des connaissances techniques moins pointues, j'en suis arrivé à des conclusions assez similaires.
Depuis que j'ai acquis un numérique, mon Leica M6ttl dort sur une étagère, ce qui me rend triste.
Mon équipement numérique est assez similaire au tien: canon 5OD et un 17-40 L avec une ouverture constante à 4. Ce couple me convient bien en voyage bien qu'évidemment plus encombrant qu'un Leica M. Je suis satisfait du rendu tant à l'écran qu'en impression papier. J'utilise Aperture pour traiter mes fichiers.
Je ne suis pas tenté par un 7D qui ne m'apporterait rien de plus dans ma pratique. Le 5D me tenterait pour son plein format qui éviterai ces conversions de focale, mais en fait je m'y suis habitué.
Ce qui est curieux, c'est qu'en numérique je continue à m'efforcer à cadrer comme si aucune retouche n'était possible. Quand à l'utilisation du zoom, je règle la focale par avance en équivalent de 24, 35 ou 50 et j'essaye de me déplacer comme si j'avais une focale fixe le plus souvent possible.

Il est temps d'écrire que j'ai regardé cette série avec beaucoup de plaisir et lu les commentaires avec intérêt :lol:

  
J'ai trouvé cette série passionnante : instruit et charmé. A part ça, rien d'à peu près intelligent à dire.
Pour l'aspect technique, big question : avec quoi partir en voyage ?

Au temps de l'argentique, au début je partais avec 2 boîtiers et 4 objectifs : un Spotmatic avec un 24 et un 250, et un M4 avec un 50 et un 90.
Puis comme finalement j'utilisais peu le 50 et encore moins le 250 je les ai supprimés.

Pour mon dernier grand voyage, après avoir sélectionné mon matériel, comme ça ne rentrait pas dans le sac, j'ai du faire un tri sévère : pas de chambre, pas d'argentique, pas de téléobjectif, pas de flash.
J'ai gardé 2 boîtiers, un 5D et un G1, avec un 14/45 équivalent 28/90 pour le G1, un 24 TSE pour le 5D, ainsi qu'un 28/105 Canon et un 60 macro Elmarit, ces 2 derniers pouvant se monter sur les 2 boîtiers.
J'ai aussi emporté un petit ordinateur ultra portable (26x18) pour récupérer mes photos chaque soir.
Bilan : j'ai peu utilisé le 28/105, sauf pour quelques photos d'animaux à 105 (équivalent 210) et le 60 a surtout servi pour faire des macros de fleurs.
le résultat est la
Voila mais ça n'engage que moi.
"Quand tu ne ris pas tu ne vis pas"

Jacques, pote
Voir une vidéo, par divisions successives (2 puissance n) un anneau de miel est transformé en 16000 filaments.


ça m'a l'air bon... tu as goûté?

Pour ma part la question se pose toujours avant de partir...en ce moment c'est au feeling, le telémétrique ou le reflex, toujours de l'argentique, du n&b et de la diapo. J'ai arrêté le moyen format en voyage :(
Outre les pellicules, le télémétrique est quand même ce qu'il y a de mieux pour voyager...un kg avec un boîtier, 2 objectifs et quelques accessoires...

Sinon en 2010, ces nouveaux compacts à objo interchangeables sont plus qu'intéressant je dois dire...le résultat est vraiment très bon et c'est plus pratique qu'un reflex. Tout dépend du type de voyage en fait.
Suivant

Il y a -1946 jours payés jusqu'au 31/12/2018
Le Pirate derniers flux RSS des sujets
forum phpBB - adaptation P I R A T E
nous contacter :
courriel